Invitation à deux jours de rencontres et de discussions pour construire une pensée et une pratique de la transformation. 1 et 2 octobre 2022, Bologne.
Avant-propos
Nous vivons une époque de transition vers une nouvelle ère au-delà de l’humain. Dans les épisodes précédents (Au-delà de l’humain, au-delà des postes, au-delà de… On ne peut pas remettre le dentifrice dans le tube ; Au-delà de l’humain #2, l’avenir commence aujourd’hui et non demain), nous avons souligné certains points qui nous semblaient importants pour commencer à raisonner : ce n’est plus le temps du post-, ce n’est pas encore le temps de l’au-delà.
Les dichotomies nature-technologie, humain-non humain, ne fonctionnent plus, et le concept d’hybride est fondamental pour se tenir dans les contradictions. Entre le sacré et le profane, nous choisissons le profane, dans le matérialisme et du côté de la connaissance, contre la superstition et l’absolu.
Le capital financier est la relation entre l’algorithme, le travail/la vie privée et les différentes formes de commande des sous-systèmes. Les sous-systèmes ne sont pas seulement des États-nations, certains remontent aux anciens empires, aux tsars, aux sultanats, aux émirs, il y a l’islam-politique, le parti communiste chinois, d’autres sont privés comme Elon Musk; tous les sous-systèmes aspirent à faire partie du grand jeu et dans ce scénario la guerre est un hybride, la continuation de la politique par d’autres moyens pour être dans le commandement financier.
Si ces questions ne permettaient déjà pas de se reposer sur des certitudes confortables, après que Poutine a envahi l’Ukraine et que la guerre a éclaté, de nouveaux éléments sont venus s’ajouter pour remettre en cause la complexité. La proposition de raisonnement suivante est une invitation à une discussion multidisciplinaire qui donne un espace aux points de vue hérétiques pour construire des pensées et des pratiques de transformation.
Au-delà de la fin de l’histoire
Affirmer que l’histoire n’est pas terminée est un point de départ qui nous différencie une fois de plus de nombreuses autres tendances actuelles. De la pensée sacrée au catastrophisme climatique, du réalisme géopolitique à la théorie du complot antivax. Ces tendances, toutes différentes, sont unies par le fait de considérer les choses comme immuables et de se réfugier dans les certitudes du passé afin de vaincre la peur d’une catastrophe imminente ou de préserver les anciens pouvoirs.
Avec la guerre en Ukraine, ces tendances trouvent beaucoup plus de raisons de s’affirmer qu’avec la pandémie ou la crise climatique. La peur est la constante à laquelle ils s’accrochent, mais cette fois-ci, ils affirment leur légitimité en utilisant de manière instrumentale le concept de paix, qui est beaucoup plus difficile à saper.
Au lieu de voir l’énorme mouvement historique en cours, où les sous-systèmes sont en ébullition, et où la guerre est en continuité avec le commandement financier réagissant aux changements d’époque, ils affirment que toute action pour contrer l’agression de Poutine ne peut que contribuer à la catastrophe nucléaire décrite comme la fin de l’humanité, de l’histoire.
Avant l’invasion de février, nous avons déjà montré comment des pensées absolues de ce type nous replongent du côté du sacré, donc en opposition claire avec le profane représenté par la prolifération du savoir, de l’appropriation de l’hybride homme-femme-+, nature-savoir-technologie, terre-espace-numérique, pour la transformation.
Guerre et paix
Il nous semble que le dualisme guerre ou paix est utilisé comme un absolu qui exclut aujourd’hui toute possibilité de résistance. Si vous résistez à une agression menée à coups de bombes par un sous-système patriarcal, oligarchique et impérial, alors vous êtes pour la guerre et contre la paix. Peu importe que vous le fassiez pour défendre ou prendre soin de votre maison, de vos relations, du territoire ou de la ville où vous avez choisi d’être. Peu importe que vous soyez un groupe d’autodéfense composé de civils. Peu importe que vous le fassiez parce que vous ne pouvez tout simplement pas supporter un régime dictatorial comme celui de Poutine. Quoi que vous fassiez, sachez que vous êtes soit pour la paix, soit pour la guerre.
C’est comme dire que pour être contre la guerre, il faut automatiquement être «pacifiste doc» et non pas qu’on peut résister à une guerre d’agression, d’invasion, de dépossession “par tous les moyens nécessaires”.
Si au contraire vous acceptez les conditions posées par l’agresseur, vous vous soumettez, vous déléguez à la diplomatie d’un pays tiers comme la Turquie, alors vous êtes pour la paix et contre la guerre. La dichotomie guerre/paix ne laisse aucune place aux alternatives.
Un autre aspect problématique de la dichotomie guerre-paix est lié à l’ancien monde bipolaire dans lequel certaines personnes croient encore se trouver. Pour ceux qui se consolent avec les certitudes du passé, être contre la guerre correspond presque automatiquement à être contre les États-Unis, être pour la paix signifie être du côté des autres peuples du monde.
Ce dualisme commençait déjà à être déstabilisé par les luttes anti-guerre du début des années 2000, qui voyaient dans le contrôle impérial américain une nouvelle façon de comprendre les relations dans le monde global, et c’est précisément autour de cette dynamique qu’elles ont élaboré les alternatives d’un autre monde possible. Ce que l’on appelle le monde multipolaire d’aujourd’hui est le résultat de ces luttes qui ne se sont pas résignées à l’existant et aux nombreuses dynamiques contradictoires qui ont remis en cause la dimension impériale.
Il s’agit aujourd’hui de penser l’alternative au monde multipolaire, mais pour cela il faut se débarrasser du dualisme absolu guerre/paix qui ne fait que créer une grande confusion.
Souveraineté alternative
Si dans les années 0 du XXIe siècle, les luttes pour l’alternative étaient à la hauteur de l’empire mondial dirigé par les Américains, alors relever le défi des transformations actuelles signifie suivre certaines lignes de tendance non évidentes et forcer certains concepts, dont celui de la souveraineté.
Le capital financier se forme sur l’activité sociale/numérique globale des, et entre les, sous-systèmes. C’est pour le contrôler que sont produits les algorithmes de calcul et de prédiction qui imposent des formes de commande. Dans tous les sous-systèmes, et pas seulement dans la Russie de Poutine, les inégalités se développent et les oligarchies économiques prospèrent en exploitant les différentes formes de commandement. Oligarchs are the new capitalists.
La guerre prouve qu’on peut choisir de cibler les oligarques russes dans le cadre d’une manœuvre militaire impromptue. Mais cela n’a certainement rien à voir avec la redistribution des richesses, telle que nous la concevons.
Les oligarques eux-mêmes expriment souvent la force des sous-systèmes réels. Ils dictent la façon dont les satellites sont utilisés, ils décident quand ouvrir et fermer les robinets de gaz, ils influencent les prix, ils influencent les politiques, notamment les politiques climatiques.
Cela suffirait à dire que la tendance à la création de formes hybrides de souveraineté dans des espaces autres que l’État-nation est très forte. Avant la montée en puissance de la Chine, de l’Inde, des pays arabes et de la Turquie, ce type de tendance aurait été appelé “rationalité néolibérale”. C’est-à-dire un système basé sur les pouvoirs des systèmes représentatifs libéraux mais capable d’agir au-delà de ceux-ci en en créant de nouveaux. Les nouveaux domaines hybrides de la technologie, de l’espace, du numérique, sont un exemple parfait de ces espaces où la souveraineté hybride agit. Aujourd’hui, il est difficile de prétendre que ce qui se passe dans les sous-systèmes mentionnés ci-dessus a quelque chose à voir avec le libéralisme ou le pseudo-libéralisme. C’est pourquoi parler d’algorithme de commandement financier semble plus approprié que de néolibéralisme.
L’ancienne souveraineté de l’État-nation comprise comme un contrôle financier touche donc à sa fin, ou du moins coexiste avec de nouvelles tendances. Mais vu les fortes pulsions nationalistes et les ambitions impériales à l’œuvre, nous ne pouvons pas simplement attendre que les États-nations s’éteignent spontanément, nous devons réfléchir à la manière de forcer cette dynamique, aux instruments dont nous devons nous doter. Les souverainetés alternatives ne sont rien d’autre que de nouveaux pouvoirs qui surpassent les anciens pouvoirs. Le communisme a été une expérience qui est allée dans cette direction, mais pour penser à une souveraineté qui va déjà au-delà des États-nations avec les caractéristiques de la libération, nous devons chercher quelque chose de nouveau.
Matriotisme européen
Prenons un peu de recul. L’Union européenne a représenté un modèle de rationalité néolibérale avec des politiques qui ont poussé dans le sens de l’appropriation privée, de l’appauvrissement et de l’inégalité, et de la création de formes précaires de vie et de travail. La voie de la construction de l’Union a toujours trouvé de nombreux opposants internes et externes, au premier rang desquels l’identité nationale, utilisée comme une massue contre les migrants et les unions politiques post-nationales. La rationalité néolibérale a précisément permis à des pays comme la Suède et la Hongrie de coexister. Mais c’est précisément pour cette raison que beaucoup considèrent aujourd’hui cette coexistence comme une catastrophe annoncée.
Pourtant, pour la première fois en Europe, la dette a été mise en commun, et des questions telles que la pollution, l’énergie, les salaires, les revenus, la santé, les différences entre les sexes, la numérisation ont trouvé dans le plan du fonds de relance européen un énorme champ potentiel de conflits pour les années à venir. Bien sûr, il ne s’agit pas de grandes luttes unifiées, notamment parce que le dégel post-pandémique ne fait que commencer, mais ce type d’espace de développement pouvait et peut encore y aspirer (…….. même si aujourd’hui on peut se retrouver à discuter de la manière de confédérer les luttes contre l’ouverture de nouvelles centrales à charbon plutôt que celles pour les énergies renouvelables non polluantes et contre le gaz, un recul qui risque d’être énorme).
La souveraineté européenne telle que nous la connaissons est fragile et risque de ne pas être intacte, et encore moins renforcée, dans les années à venir.
Mais si la souveraineté alternative destructrice est toujours à la porte de l’UE, pourquoi ne pas penser à une nouvelle souveraineté alternative à l’UE dans un espace plus large et avec plus de démocratie, une souveraineté qui ne soit plus esclave de l’atlantisme et donc de l’OTAN, une souveraineté capable dans cette forme libre d’aborder aussi la question de la défense commune ?
La voie de la lutte dans cette direction est ce que nous appelons le matriotisme européen.
Souveraineté euro-méditerranéenne et confédéralisme démocratique
L’idée que nous avons en tête est double. D’une part, nous confronter autour de l’idée d’une souveraineté alternative qui se situe déjà au-delà des États-nations et ouvertement écologique et féministe, dans des chaînes spatiales différentes des traditionnelles. L’espace euro-méditerranéen est déjà en soi une rupture avec l’Europe traditionnelle, qui peut apporter une contribution énorme dans cette lutte. Nous aimerions vivre une telle discussion avec les pays de la Méditerranée, de l’Est, UE et non-UE, les Baltes. Nous sommes intéressés à parler avec des chemins de lutte et d’émancipation dans les villes, les villages et les zones frontalières, des chemins d’autonomie territoriale qui sont déjà forts en Europe, de nouvelles autonomies. Avec des subjectivités de lutte, mais aussi des parcours locaux de gouvernement et d’opposition. Convaincu que ce dualisme, tout à la logique de la représentation, n’aide pas à décrire les expériences les plus intéressantes de Zagreb à Bologne, de Belgrade à Barcelone. Il y a ceux qui sont au gouvernement et ceux qui sont dans l’opposition selon les contextes, ce qui compte c’est de savoir pour quoi on se bat.
Le deuxième point est que si nous voulons relever le défi de traiter les nouveaux modèles de souveraineté alternatifs qui dépassent les États-nations, pourquoi ne pas tourner résolument notre regard vers l’extérieur de l’Europe ?
Le confédéralisme démocratique des Kurdes, l’idée d'”une administration politique non étatique ou d’une démocratie sans État”, comme l’écrit Öcalan, peut-il être un modèle à utiliser pour le repenser dans l’espace politique euro-méditerranéen ?
Contre le sacré et la dépression, nous avons besoin de pensées et de pratiques hérétiques qui considèrent la complexité.
Dans le cadre de cette discussion qui bouscule nos zones de confort, nous accueillerons des points de vue hybrides et hérétiques. Nous voulons nous confronter non pas pour créer des simples mécanismes de mise en réseau, mais pour avoir une vision commune de la complexité.
Nous savons que c’est difficile. Après la pandémie, la guerre a éclaté. D’aucuns disent que le rejet et l’exode du travail sont causés par une double dépression due à ces crises liées entre elles. Que cela soit vrai ou non, le fait est que, dans les conditions actuelles, il est difficile de maintenir une activité même partielle de manière non précaire. Sans parler de la difficulté qu’il y a à garder les yeux fixés sur une complexité sans tomber dans le catastrophisme ou les formules sacrées. Par ailleurs, si le travail social est précaire et génère des exodes, parfois accompagnés d’un sentiment de défaite, le militantisme politique est lui aussi de plus en plus précaire. A tel point qu’ils se touchent et nous font espérer que c’est précisément dans un projet global, pour lequel nous pouvons nous battre, que nous pourrons dépasser le dualisme travail/militantisme.
Complexe, cependant, ne signifie pas compliqué. La catastrophe engendre la peur, mais nous nous rassurons en nous disant que c’est le monde qui a tort, pas nous. Dès que nous essayons de considérer la situation globale, cela nous semble trop compliqué, et nous nous réfugions dans les particularismes, les théories du complot, les modèles du passé, le sacré. “C’est la guerre elle-même qui est le problème”, et non les raisons pour lesquelles elle est menée ou les raisons pour lesquelles on résiste à l’agression. “Isolons-nous en tant que pays, n’apportons pas la guerre chez nous”. “Ceux qui résistent à l’agression ont tort car, ce faisant, ils alimentent la guerre”. Et qu’est-ce qu’ils sont censés faire ? Comme si les choses étaient mieux avant. Certains pensent même que la dissuasion nucléaire de l’ancien monde bipolaire était une meilleure chose que la situation actuelle, à laquelle il est souhaitable de revenir.
Dans le même ordre d’idées, il est dit que la manière “primitive” de traiter la nature était meilleure que la manière actuelle, exempte d’éléments destructeurs. On invoque la décroissance heureuse en abandonnant le champ de l’appropriation politique du développement des technologies pour un développement hybride; pour rendre les écosystèmes plus agréables à vivre et moins propices au développement d’autres pandémies… donc pour des luttes radicales de sabotage des chaînes d’approvisionnement polluantes.
De même, on parle du revenu. Non pas comme une mesure à défendre par la lutte, mais comme une politique qui restera incomplète. Mais même s’il est incomplet et faible, le revenu de citoyenneté est ce qui se rapproche le plus d’un instrument politique efficace face aux tendances actuelles de la précarité du travail, protégeant contre les bouleversements économiques, sociaux, sanitaires et géologiques, et permettant le développement de formes libres de travail social. Là encore, la complexité écrase, au lieu d’être le potentiel transformateur, tout semble immuable sur le plan des idées, alors que sur le plan matériel les choses reculent.
Le 1er mai, sur la place de Bologne, une banderole indiquait “zéro travail, revenu complet”. Toute la production à l’automatisation”. Faisons un bond en avant, revendiquons l’oisiveté, et que cela soit payé avec les milliards qui sont volés chaque jour au travail social global par l’algorithme financier.
Mais sans une vue d’ensemble, où aboutissent toutes les forces réelles, générées par les systèmes hybrides dans lesquels nous vivons, qui peuvent transformer les choses ? On les perd de vue ou, pire encore, on les considère comme des ennemis du changement parce qu’ils sont complices du système actuel, incapables de renverser la vapeur – c’est ce que disent les critiques sur le plan des idées – “vendus au système”, “pro-américains”, “bellicistes”, etc.
Mais il suffit de voir le rôle central joué par Elon Musk dans la situation actuelle, l’importance que les technologies hybrides auront dans la nouvelle ère, pour comprendre que certaines déclarations ne sont que le résultat de la paresse et du purisme théorique, alors que la critique doit être déplacée au niveau matériel.
Il convient à la pensée religieuse, au sacré, de se faire une place dans des situations comme celle-ci. Le sacré est pur, non souillé par le péché. Il s’appuie sur une puissance supérieure comme alternative à la fin de l’histoire, et ne considère pas l’hybride homme-femme-+, les technologies, les espèces, les différents écosystèmes comme des alliés pour la transformation, c’est pourquoi il les exorcise.
Ce ne sont pas seulement les églises, les religions ou les sectes identitaires qui font place à la peur contre le matérialisme des profanes, mais aussi les subjectivités qui, une fois qu’elles ont identifié l’un des nombreux problèmes du monde actuel (la crise climatique, la violence de genre, la faim, le numérique, la guerre), construisent leurs récits autour de celui-ci avec des pratiques à la limite du mystique et du spirituel, finissant par accepter que seul un pouvoir supérieur pourra changer les choses, et ne posant jamais le problème de la construction d’un contre-pouvoir plus fort.
Ce ne sont là que des tendances, mais des tendances qui nous amènent à nous interroger sur la politique du réseau et des différences, telle que nous avons l’habitude de la considérer.
Au-delà des différences pour la politique au-delà de l’humain
Si la politique des réseaux et des différences nous a fait prendre conscience de la variété des luttes et de l’intersectionnalité que l’on retrouve dans tous les mécanismes d’exploitation et de violence, il nous semble aujourd’hui que cette approche a perdu son potentiel transformateur. Les réseaux et les différences constituent la base d’une approche large et transformatrice de la société, mais ce ne sont pas des concepts qui permettent de se tenir matériellement dans les contradictions. En ce sens, le concept d’hybride est plus utile, qui contient déjà les différences en son sein, et parle d’une transformation possible dans tous les domaines de la vie.
En même temps, le retour au passé alimente le récit des autres parties. Les nationalismes, les conspirationnistes, et parmi eux aussi les ex-post-colonialistes/ex- tiers-mondistes/ex-communistes, pour qui un monde multipolaire qui recule en termes de droits, de libertés, de nature-technologie, de science, est toujours mieux que le vieux monde dirigé par les Américains.
L’idée de la catastrophe fait donc immobiliser et reculer. Mais de nouvelles identités politiques se fondent précisément contre la pensée du sacré absolu, pour des alternatives globales, au-delà de la limite de l’humain.
Pour conclure, pensons à la différence homme-femme. Avec la guerre menée par le régime patriarcal russe, cela revient d’une manière inquiétante. La guerre est considérée comme une affaire d’hommes, tandis que les femmes doivent rester au foyer. Même dans les rangs de ceux qui prétendent être du côté de la résistance des femmes, est souvent subtilement transmise l’idée que les femmes sont bonnes pour s’occuper des autres et que, si cela ne tenait qu’à eux, les gens ne feraient pas la guerre.
Bien sûr, lorsque le monde sera dirigé par un plus grand nombre de femmes, de lgbtqi+, d’animaux, de cyborgs, qui auront facilité le dépassement de la différence homme-femme et la fin de nombreux sous-systèmes actuels, nous sommes convaincus que la probabilité de guerres diminuera; lorsque nous lutterons pour le matriotisme européen et le confédéralisme euro-méditerranéen, nous sommes sûrs que nous nous rapprocherons de cet excellent idéal; mais en attendant, pouvons-nous au moins reconnaître l’importance de nous ranger du côté des femmes, des hommes et des +, qui résistent en Europe et au-delà, qui utilisent la force et les armes pour se défendre et qui prennent soin, justement, de penser à cette alternative ?
Tant de thèmes, tant d’idées, tant de questions. Nous sommes convaincus que si nous ne restons pas dans les tendances réelles de la réalité, si nous ne jouons pas à l’avance, nous risquons seulement et toujours d’attendre, tristement entourés de “si…” et “mais aussi…” et d’être impuissants et jamais de véritables protagonistes du changement.
“Batti il tuo tempo”……. Ou “chi non risica non rosica”, c’est l’air que nous essaierons de jouer les deux premiers jours d’octobre 2022, à Bologne.
Programme des deux journées
Les moments qui composent les deux journées sont conçus en synergie les uns avec les autres afin d’initier une discussion ouverte à plusieurs voix, sur les différents niveaux qui interagissent dans la complexité.
Samedi 1er octobre h. 15
Au-delà de l’humain, au-delà de la fin de l’histoire
Discussion pluridisciplinaire pour la construction d’une nouvelle pensée matérialiste. Nous vivons dans une ère de transition. Il est temps de dépasser les interprétations répétitives de la réalité pour relever les défis de l’avenir, de dépasser les dualismes et les différences réconfortantes, d’agir à l’heure de l’hybride.
Dimanche 2 octobre h. 10 h.
Au-delà de la guerre et de la paix pour la transformation
Matriotisme pour un confédéralisme démocratique euro-méditerranéen, souveraineté alternative, espace euro-méditerranéen, conflits constitutifs en Europe. L’Europe n’est pas notre patrie, mais c’est notre “matrie” pour laquelle il faut déjà se battre au-delà de l’État-nation. Au-delà des choix lexicaux, ce qui nous intéresse est la construction d’une souveraineté alternative euro-méditerranéenne expressément écologiste et féministe. Comment arriver à des propositions de rencontres et de mobilisations qui donnent de la force à cette perspective ?
h. 15
Battre son temps: à l’intérieur des territoires du présent
Assemblée pour la défense du revenu de citoyenneté et la conquête du revenu universel. Lors du défilé du 1er mai, nous étions sur la place avec la banderole “Travail zéro – revenu complet”, à partir de là nous voulons partir, à partir de notre expérience, dans les Municipalités Sociales, lieux où se pratiquent le mutualisme, le conflit urbain, le syndicalisme et le nexus administratif, et rencontrer de nouvelles expériences.
Il existe aujourd’hui en Italie une loi sur le revenu de citoyenneté, un fait, une pièce nouvelle et importante, au-delà de sa genèse, qui est aujourd’hui attaquée de toutes parts. Il serait vraiment absurde de faire comme si de rien n’était, d’autant plus que cette loi, comme le disent toutes les analyses journalistiques et autres, a été utilisée dans de nombreux cas pour échapper à des emplois sous-payés, non déclarés et super précaires.
Nous, qui avons toujours lutté pour reprendre possession des richesses produites par tous et pillées par quelques-uns, ne pouvons pas être des spectateurs passifs. Nous devons nous battre pour défendre la loi sur le revenu de citoyenneté, la libérer des lacets et des enchevêtrements liés à la farce de la recherche d’emploi, et en faire une étape pour affirmer fortement et définitivement le revenu universel comme le droit de chaque individu à l’oisiveté et à une vie sans travail.